Avant de parler du projet de rénovation et de reconstruction du cinéma d’Antony, nous voulons dire ce qui nous fait aimer ce cinéma, et pourquoi il est tant important pour nous.
Le Sélect à Antony, c’est un lieu culte, faiseur d’émotions et de souvenirs. C’est ainsi que la ville de Sceaux présente son Trianon mais le même texte peut s’écrire à propose de notre Sélect. Un lieu culte, où plus de 100000 personnes se rendent chaque année, où l’on peut échanger avec des réalisateurs, des acteurs, des gens concernés par les films. On se souvient, nous, par exemple de la juge du film de Depardon sur la justice qui parla avec intelligence de sa fonction, du réalisateur du cou de la girafe, et chacun se rappelle de ces moments rares de communion, d’explication. D’autres évoquent le sélect des années 1977-1983, où la cour était parfois transformé en salle en plein air de spectacles. On a tous un peu de Sélect en nous….
Le Sélect c'est aussi un lieu de culture, d'échanges et de débat, en plein centre ville, immergé dans le quartier, au cœur des logements et des commerces. Il en existe deux dans le centre ville : le théatre firmin gémier avec son foyer où avant et après le spectacle on peut parler, dialoguer avec les gens du théâtre, les spectateurs et les acteurs, et puis le Cinéma. Dans le hall, dans la queue, dans la salle, on se rencontre, on se parle, on échange sur le film mais aussi sur la vie. Dans notre ville, c’est assez rare pour être préservé car à part Mac Do et Restaus, rien n’est ouvert dans le centre qui est apathique après la fermeture des commerces…
Lieu culte, lieu d’échanges, voilà pourquoi nous aimons ce cinéma qui n’est pas un multiplexe ni un cinéma sans âme.
Nous le projet de reconstruction du cinéma, voilà comme nous le voyons :
Il faut garder du Sélect tout ce qui fait son charme et son intérêt, et développer un projet culturel autour du cinéma.
Sur l’architecture, pourquoi ne pas garder la Cour, lieu apaisant, entre la nationale 20 et le marché, qui, débarassée des voitures stationnées deviendrait un agréable lieu d’échanges. Pourquoi aussi ne pas garder la structure existante en l’améliorant, et faire de cette grange deux ou trois salles de cinéma.
Sur le plan du cinéma, il nous paraît nécessaire que le Sélect soit un lieu de projection, mais aussi plus que cela, ce qui peut se faire soit en créant des coopérations avec le Théatre, car la proximité des deux sites est un atout à mettre en valeur. Mais aussi créer des ateliers liés à l’art cinématographique, ce qui pourrait créer un lien plus grand entre jeunes et cinéSélect.
Dès lors, le nombre de salles ne doit pas être le point de départ de la réflexion mais plutôt l’aboutissement.
Comment par rapport à ces envies, se présente le projet de Cinéma prévu par la municipalité ?
Nous sommes aujourd’hui en mesure de vous en dire un peu plus. Le 10 janvier a eu lieu une présentation du projet par le Maire d’Antony, Monsieur Sénant, par son adjointe à la culture, Madame Léon et par la directrice du cinéma.
Il s’agit de construire quatre salles sur l’emplacement de notre CinéSélect. Une salle de 250 places serait dédiée à l’accueil du jeune public et une salle de 300 places remplacerait la salle actuelle. Deux autres salles, beaucoup plus petites accueilleraient, les " films du patrimoine " et la majorité des films art et essai.
Ce complexe serait, dans un premier temps, toujours géré par une structure publique.
Nous tenons à vous faire part de notre analyse quant à ce projet :
- Sur la méthode
On ne peut être que surpris par les pratiques municipales : aucune concertation préalable n’a eu lieu avec les spectateurs, ni avec les associations culturelles antoniennes. Le projet est livré clé en main, fondé sur une étude d’un cabinet spécialisé en économie du cinéma.
- Sur le projet en lui même
Aucun projet culturel ne sous tend le projet de reconstruction du cinéma :
Les quatre salles sont présentées, comme en 1996, comme une nécessité.
La directrice du cinéma a dit la difficulté de programmer le Ciné Sélect avec un écran unique du fait de la politique des distributeurs de films. Mais une autre solution existe que celle de la création du miniplexe : la constitution d’un réseau de cinémas comme cela existe dans d’autres régions françaises. L’intercommunalité pourrait être un levier important pour créer ce réseau, qui contrecarrait les diktats des distributeurs de films.
Le parti pris urbanistique est totalement oublié par le projet, et aucune étude de faisabilité n’a été couplée à l’étude de marché
Il n’a pas été question, lors de la réunion du 12 janvier, de l’exploitation du cinéma pendant la période des travaux.
Entre les aspirations qui sont les nôtres et celles de nombreux cinéphiles et la vision de la municipalité, il y a pour l’heure un fossé. Mais il faut être constructif et montrer à la majorité municipale que plutôt que de voir les choses que par une vision mercantile on peut faire un projet moins cher et mieux adapté à ce que peut être un cinéma public de proximité. Ce sera le sens de notre action ces prochains mois et ces prochaines années.
Les antoniens connaîtront-ils l’écran noir, qui serait néfaste pour notre CinéSélect, ou l’idée de phaser le projet est –elle envisagée ?le rôle culturel et pédagogique d’un cinéma de service public n’est jamais affirmé, et seule l’existence d’un marché pour 4 salles est brandie par la municipalité. Pourtant, des villes alentours ont fait des choix différents : Sceaux a décidé de ne reconstruire qu’une (très belle) salle ; Chatenay-Malabry a a ajouté une salle à l’écran unique du Rex. En effet, si l’on veut un Sélect avec sa cour, des ateliers liés à l’art cinématographique, cela conditionne un nombre de salles plutôt compris entre 2 et 3, et sans doute plus proche de deux car la parcelle où est située le cinéma n’est pas extensible.
Cinéma le Sélect : Pour que vive notre Cinéma Paradiso !
Les commentaires récents